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L'indicateur papillons présenté au 9ème Butterfly conservation symposium

Du 14 au 16 avril 2023, se déroulait le Symposium international sur la conservation des Lépidoptères en Angleterre, à Wyboston. Dans le cadre de l'animation du plan national d'actions, pour présenter le travail réalisé sur l'indicateur papillons, l'animatrice du PNA et la chargée de bases de données de l'Opie s'y sont rendues.


Les conférences

Le programme des présentations était très dense, les abstracts sont disponibles dans le document de congrès.

Quelques observations :

  • beaucoup de pays réussissent à monter des projets de conservation ou de restauration de milieux grâce à un réseau de bénévoles extrêmement impliqués ;
  • les analyses des données issues des suivis "pollards walks", transects en français, sont constamment travaillées pour améliorer l’information obtenue ;
  • la réintroduction de populations de papillons n'est pas inhabituelle dans les pays anglo-saxons et en Europe ;
  • les Phengaris restent prioritaires dans les sujets liées à la conservation de populations (thématique d'une demi-journée), les méta-populations de plusieurs pays sont en danger d'extinction ;
  • des publications étudiant les effets du changement climatique sont de plus en plus souvent disponibles, avoir des résultats sur ce sujet de recherche se démocratise.

Zoom sur quelques projets :

  • Conservation evidence project est un site internet qui recense tous les projets de gestion de la biodiversité publiés dans 301 journaux anglophones, vous pouvez y lire les résumés des projets et téléchargez la documentation.
  • Les papillons alpins subissent le changement climatique dans les Alpes allemandes (Janika Kerner), devenant plus petits et plus clairs au fil des générations. La zone d’étude a été échantillonnée 3 fois, en 1999, en 2009 et 2019, le site s'étendait de 644m à 2034m d'altitude.
  • Le projet BIMAG, aux Pays-Bas, met les agriculteurs au cœur des suivis de Lépidoptères. 115 agriculteurs ont participé au projet sur une année et suivent ce groupe par transects ou pièges lumineux sur différentes zones (stabulation, maison, zone d'agriculture extensive) sur différents types d'exploitations (bulbes, culture, pâturage).
  • Dans le cadre de la construction de la LGV Turin-Lyon, 1 milliard d'euros de fonds de compensation sont mobilisés. La zone d'emprise des travaux d'un tronçon de la ligne impactait 72% d'une population de Zerynthia polyxena. Le plan de gestion validé a permis de restaurer un corridor écologique de 10ha de clairières forestières, avec translocation d’aristoloches et de chenilles de l'espèce. Les suivis post-travaux sont en cours.

Lors des pauses, des porteurs de programmes régionaux ont été rencontrés, nous avons pu alors mesurer la chance d'avoir un Plan national d'actions structuré où chaque animateur régional bénéficie d'une subvention pour l'animation de son territoire. Une communication et une vision commune sont difficiles à suivre dans les autres pays européens.


Les sessions des posters

Les sessions de présentations des posters ont permis de montrer aux participants la diminution de la répartition des espèces de papillons en France. Beaucoup s'interrogeaient sur les causes de nos disparitions départementales, celles-ci sont les mêmes dans les autres pays (dégradation des habitats par urbanisation ou agriculture intensive, changement climatique).

Présentation du poster
Poster de l’indicateur papillons

Les Lépidoptéristes européens notaient le fait que la France était rarement représentée lors de ces évènements et ont découvert avec intérêt les travaux réalisés dans le cadre du PNA.


Visite de terrain

La réintroduction d'espèces de papillons n'étant pas rare en Angleterre, nous avons eu la possibilité de visiter un site à Fineshade Wood, restauré et géré en faveur de l'Échiquier - Carterocephalus palaemon. L'espèce y avait été réintroduite en 2018.

En effet, en Angleterre, le déclin de l’Échiquier a été observé après la seconde guerre mondiale à cause d'un changement dans la gestion des boisements. À Fineshade Wood des pins et conifères ont été plantés sans conserver de clairières entre les plantations. Les populations de cette espèce, nécessitant des habitats ouverts, étaient de plus en plus isolées. Elles ont fini par s'éteindre.

En sachant que des calamagrostis, une des plantes-hôtes de l’Échiquier, étaient présentes partout au sein de ces sites, ils ont décidé de restaurer 15 zones forestières en espérant que la cinquantaine d'individus capturés en Belgique et relâchés en 2018 les coloniseraient. En mai 2019, un individu a émergé sur le site, une reproduction avait eu lieu. De 2019 à 2021, au cours d'une thèse, la population a été suivie par PMR : c'est une CMR, capture-marquage-recapture, mais par photographie, avec coordonnées GPS associées ! Grâce à à une intelligence artificielle, les variabilités des tâches des ailes sont détectées et les individus différenciés. Quelques chiffres :

  • En 2019 : 35 photos prises, 117 ratées, 11 individus re-photographiés
  • En 2020 : 16 photos prises, 31 ratées et 9 individus re-photographiés
  • En 2021 : 21 photos prises, 31 ratées et 10 individus re-photographiés

La distance maximale entre 2 photos prises du même individu à 4 jours d'intervalles était de 1,43 km. Aujourd’hui, les individus se dispersent à travers les bois mais restent peu nombreux. La gestion du site en faveur de l'espèce et les suivis se poursuivent, dans le but d'évaluer le succès de la réintroduction.

Publication à venir

Les organisateurs prévoient après chaque congrès de publier un numéro spécial du "Journal of Insect Conservation", composé de tous les articles présentés durant le Symposium. Les articles complets seront alors disponibles.

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