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Une formation pour les agents de l'ONF pour rechercher le Damier du frêne dans le Parc national de forêts

Le Damier du frêne - Euphydryas maturna est une espèce forestière inscrite au PNA Papillons de jour. L'espèce est hautement prioritaire pour sa conservation dans toute l'Europe et est en forte régression en France depuis 1980. Une dernière zone abrite des populations dans le Parc national de forêts, elle s'étend entre les départements de la Haute-Marne et de la Côte d'or. Il reste quelques populations dans le Cher et au Sud du Parc national.

(c) Claude Voinot

Il est indispensable de mieux connaître la répartition de l'espèce dans le Parc national pour mieux la préserver. C'est dans cette optique qu'un programme d'actions a été monté depuis 2022 par le Parc national avec les CEN Champagne-Ardenne, CEN Bourgogne et la SHNA et via une mutualisation avec l’ONF. L'objectif du programme est d’améliorer les connaissances sur la répartition de l’espèce pour ensuite proposer des mesures de gestion forestière qui lui soient favorables.

Le territoire du Parc national a donc été découpé en mailles pour pouvoir attribuer des secteurs de prospection aux différentes structures.

Les prospections de 2023 ont débuté et se concentrent sur les mailles hachurées

Une première session de prospections a été menée en 2022 avec tous les acteurs à la recherche des nids communautaires de chenilles. Les recherches ont eu lieu dans les parcelles forestières favorables à l'espèce, c’est-à-dire, celles où des frênes sont présents.

Une deuxième campagne de prospections vient de débuter en juillet 2023 pour poursuivre l’acquisition des connaissances sur la répartition du papillon.

Un imago avait été recensé sur ce site, lors de la recherche de nids ce 26 juillet, un a été trouvé sur le frêne penché à gauche (c) Gaëlle Sobczyk Moran

Le deuxième axe du programme sur le Damier du frêne concerne la réflexion sur les mesures de gestion forestière qui seraient favorables à l’espèce.

Les techniciens forestiers territoriaux (TFT) ayant leurs triages sur le territoire du Parc national ont donc été conviés à une formation le 26 juillet, organisée par la chargée de missions biodiversité du Parc national, Julie Lambrey. 17 agents ONF ont assisté à la formation.

Partie théorique de la formation (reconnaissance et cycle de vie)
(c) Gaëlle Sobczyk Moran

Les objectifs de la formation étaient de reconnaître l’espèce, en cette période, surtout les nids de chenilles, de comprendre son écologie, d'identifier les mesures de protection à mettre en place et d'intégrer la présence de Damier du frêne à la gestion courante.

C'est Guillaume Doucet, du CEN Bourgogne qui a présenté ces éléments : la femelle pond ses œufs en pyramide, en 3 couches, sur les feuilles de frênes uniquement. Les œufs sont d’abord jaunes, puis deviennent marrons. Après éclosion, les chenilles se nourrissent de l’épiderme de la feuille et pâturent en rang. Les feuilles deviennent alors marrons et se recroquevillent sur elles-mêmes avec le nid à l’intérieur. Si on observe des crottes, le nid est fonctionnel. Avant ce stade, les nids seront très peu visibles, c’est pourquoi on recherche l’espèce lorsque les chenilles se nourrissent.

On observe des soies autour des feuilles de frêne mangées par les chenilles,
c’est l’élément qui valide la présence d’un nid.
Sur cette photo on observe les soies et les petites chenilles qui pâturent l'épiderme de la feuille de gauche - (c) - Gaëlle Sobczyk Moran

Ce n'est pas toujours aussi simple de repérer un nid, en effet, il ne faut pas confondre un rameau qui a subi une rupture du pétiole et qui se nécrose avec un nid communautaire où les feuilles consommées s'assèchent. La présence de soie est essentielle pour dire que c'est un nid et noter l'observation (les chenilles sont parfois présentes à proximité et valident également l'observation).

Les jumelles sont obligatoires pour réaliser ce suivi, les nids peuvent être à 1,5 m et jusqu’à 20 m de hauteur. Les observateurs notent également l'âge du frêne sur lequel le nid est repéré.

Recherche de nids en hauteur (c) Damien Nicolas ONF

Les réflexions sont en cours mais les premières mesures de protection proposées pour faire face aux menaces qui pèsent sur le Damier sont les suivantes :

  • Marquer les frênes, à conserver lors des coupes dans les parcelles ;
  • Indiquer les consignes de gestion courante précocement et avant les terrains annuels ;
  • Inclure ces éléments dans le document d’aménagement forestier ;
  • Gérer les bords de route de manière tardive et espacer les coupes (hors période de reproduction des espèces sensibles) ;
  • Fermer certaines pistes forestières où le Damier est fortement présent en période de vol de l’adulte (mai-juin) pour éviter les écrasements ;
  • Éviter de rouler dans les flaques et sur les crottes pendant la période de vol de l’imago (les papillons s'y posent pour boire et se nourrir).

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